L’art d’aimer d’Ovide

16 octobre 2016

L’Art d’aimer (Ars amatoria) est une œuvre en vers du poète latin Ovide parue autour de l’an 1. Elle se veut une initiation à l’art de l’amour et surtout de la séduction, le mot latin amare signifiant d’abord être l’amant ou la maîtresse de quelqu’un.

Le vêtement Livre III

> Que dirais-je du vêtement ?
Et par là je n’entends ni la passementerie d’or, ni toi, laine, rougie dans le pourpre de Tyr. Alors qu’on trouve tant de couleurs d’un prix moins élevé, quelle folie de porter sur soi toute sa fortune !
Voici la couleur de l’air, lorsque l’air est sans nuages et que le tiède vent d’ouest n’amène pas la pluie. En voici une semblable à ta laine, [bélier], toi qui, dit-on, permis autrefois à Phrixos et à Hellé d’échapper aux artifices d’Ino (1). Celle-ci imite l’eau de mer et c’est l’eau de mer qui lui a donné son nom (2) ; je croirais volontiers que c’est la robe des Nymphes.
Celle-là reproduit le safran. (C’est d’un vêtement de safran que se couvre la déesse qui répand la rosée, lorsqu’elle attelle ses chevaux), une autre les myrtes de Paphos, une troisième l’améthyste violette ou les roses pâlissantes ou la grue de Thrace.
Nous avons aussi celle des glands que tu aimes, Amaryllis (3) celle des amandes ; la cire a donné son nom à une étoffe. Autant la terre à son renouveau produit de fleurs lorsque la tiédeur du printemps fait sortir les bourgeons de la vigne et chasse l’hiver qui engourdit tout, autant aux teintes, ou plus encore, dont s’imprègne la laine.
Entre elles choisis avec soin ! Car toutes ne conviennent pas à toutes les femmes.
Le noir va bien à un teint éclatant de blancheur ; à Briséis, le noir allait bien, et, lorsqu’elle fut enlevée, c’est justement de noir qu’elle était vêtue. Le blanc va bien aux brunes : une robe blanche te rendait séduisante, la fille de Céphée (4), et telle était la couleur de tes vêtements lorsque tu descendis dans l’île de Séripho.

1) Elle avait voulu faire périe Phrisos et Hellé, enfants d’un premeir lit de son mari. Un belier envoyé par leur mère, les sauva.
2) Il s’agit de l’étoffe appelée cumatile, du grec πέλαγος, mer, de la couleur de l’eau de mer.
3) Ovide ne fait que deux très brèves citations littéraires de l’Amaryllis de Virgile E 2, 52.
D’abord pour illustrer ses propos sur les cadeaux à faire pour entretenir l’amour (II, 267)
puis sur la couleur des vêtements (III, 182)
4) Andromède